Mortalité des personnes sans chez-soi : une précarité qui tue, de plus
en plus de femmes et d’enfants. 1 022 personnes décédées en 2024 – le Collectif Les Morts de la Rue publie ce jour son rapport annuel, révélant un nouveau record effroyable : +16 % de décès en un an, soit une hausse exponentielle depuis 2012. 912 personnes étaient sans chez-soi au moment de leur mort, un chiffre qui souligne l’urgence d’agir face à une précarité qui tue, principalement des hommes jeunes, mais aussi de plus en plus de femmes et d’enfants.
Le Collectif Les Morts de la Rue ( https://mortsdelarue.org/) s’appuie sur un réseau de partenaires institutionnels et associatifs, mais la couverture territoriale reste inégale. Les zones rurales et ultramarines sont moins bien documentées, et les populations les plus invisibles échappent encore au recensement. Ce qui signifie que les chiffres sont sûrement en deçà de la réalité.
Cette progression s’inscrit dans un contexte où la Fondation pour le Logement estime à 350 000 le nombre de personnes sans domicile en France hexagonale, soit 20 000 de plus qu’en 2023. L’âge moyen au décès est de 47,7 ans, soit 32 ans de moins que l’espérance de vie moyenne en France. Les hommes représentent 82 % des décès, mais la part des femmes (13 %) est en hausse, reflétant une féminisation du sans-abrisme. 4 % des décès concernent les moins de 15 ans, un doublement par rapport à la période 2012-2023.
Plus de 40 % des personnes décédées ont connu une rupture liée à la migration, 25 % une
addiction aux substances illicites, 19 % une addiction à l’alcool. 71 % étaient sans chez-soi
depuis plus de 5 ans, dont 30 % depuis plus de 10 ans. Ces chiffres témoignent de l’échec des
dispositifs de sortie de rue et de l’accumulation des vulnérabilité.
Une société en échec
36 % des personnes vivaient dans la rue au moment de leur décès, une proportion en hausse.
46 % sont décédées dans l’espace public, souvent dans l’anonymat. 34 % sont mortes dans des
lieux de soins, après des années d’errance thérapeutique. Les moins de 25 ans meurent
majoritairement dans la rue, tandis que les plus de 65 ans décèdent surtout en institution.
40 % des causes de décès restent inconnues. Parmi les causes identifiées, 17 % sont des morts
violentes (noyades, agressions, suicides). Les maladies chroniques touchent des personnes bien plus jeunes qu’en population générale. 17 décès par hypothermie et 15 liés à des incendies ont été recensés en 2024.
Face à cette tragédie, l’urgence est double : protéger les plus vulnérables et réformer en profondeur les politiques publiques pour que le droit au logement convenable devienne enfin une réalité pour chaque personne en France hexagonale et dans les Outre-mers.



 

