Journées nationales Prison : les corps à la peine

Journées nationales Prison : les corps à la peine

 

Comme chaque année, les « Journées nationales Prison » viennent de se dérouler en cette fin novembre, et le thème en était : « PRISON : PEINES DE CORPS ». Deux moments forts et de haute tenue pour cette manifestation dans laquelle Entraide et Solidarités est très impliquée à Tours : une conférence et un film.

La conférence . Elle s’est déroulée à la faculté des Tanneurs devant un public très fourni, et impressionné par le conférencier, Bernard Petitgas (photos). Détenu pendant 13 ans, il a fait ses étude en prison jusqu’à un doctorat de sociologie. Il a donc disserté sur le corps en détention, le corps de toutes les personnes qui gravitent en prison, mais c’est le corps des détenus qui focalise d’abord son attention…Bien d’autres thèmes furent abordés, entre autres les interactions entre les corps des détenus et les corps des autres intervenants. Mais également : pathologie de l’enfermement, vie interactive, violence et pacification.

Les questions des participants ont permis à Bernard Petitgas d’aborder un sujet qui lui est cher : les bénévoles. « Méritons nous d’être l’objet de leur attention ? J’ai compris qu’eux aussi avaient besoin de ceux qu’ils aident. Donner, c’est aussi accepter de recevoir et rendre. Cela crée du lien social ». Enfin il développa son rêve : impliquer les détenus dans le bénévolat. « Si on leur donnait la possibilité d’être bénévoles, on leur redonnerait une place dans la société. De cette manière, cela irait au-delà du remboursement de leur dette envers la société. Moi je me sens en dette éternelle».

Le film. Le lendemain, le film choisi collégialement  par les associations organisatrices était un documentaire : Après l’ombre, de Stéphane Mercurio. Il s’agissait de filmer les répétitions d’une pièce de théâtre où le metteur en scène, Didier Ruiz, invite d’anciens détenus à parler et à sortir d’un silence trop souvent douloureux. A priori ce n’est pas très exaltant, pourtant, dès les premières images, on est pris aux tripes par les témoignages poignants de ces hommes qui ont passé jusqu’à 35 ans derrière les barreaux…Cela ne se veut ni pathétique, ni mélodramatique, mais l’authenticité des personnages vous tire des larmes de rage, des larmes de colère. Quel film ! A voir absolument si vous en avez l’occasion…

Pierre Trinson