AG du 24 Mai 2014 : RAPPORTS MORAL ET D’ORIENTATION


RAPPORT MORAL

En janvier 2013, un plan quinquennal de lutte contre la pauvreté a été adopté.

Localement, où en sommes-nous ?

Sur le fond, on ne peut pas dire que l’on soit véritablement sorti de l’ancienne conception de la lutte contre la pauvreté.

Nous avons constaté :
– Disparités de définitions des priorités entre le niveau national, régional et local,
– Manque de lisibilité des critères de décision quant à la répartition des budgets entre les régions, les départements de la région Centre mais aussi entre les associations du département,
– Deux sources de financement, l’un pour le financement de l’hébergement généraliste et l’autre pour celui des demandeurs d’asile,
– réduction des crédits pour les demandeurs d’asile qui vient peser sur l’hébergement généraliste,
– Absence de diagnostic et donc de déclinaison territoriale,
– Des associations considérées comme des prestataires de service et non comme des acteurs développant des projets utiles à la cohésion sociale.

 » Dans ce contexte, l’EAO est, et plus que jamais doit être, une association militant contre l’exclusion » première orientation définie par l’AG de mai 2013.

Cette année, l’Association a continué de mener des actions avec d’autres associations :
– protestation contre la répartition des crédits du BOP 177 entre les départements de la région centre, conférence de presse et lettre aux élus,
– Partenariat avec Albert Thomas dans le cadre de l’hébergement d’urgence,
– Participation au collectif migrant et à la journée du refus de la misère.

Hébergement
L’écart entre les besoins d’une partie de la population que la crise précipite dans l’exclusion et les moyens que la puissance publique est en mesure de fournir pour leur venir en aide est de plus en plus manifeste.
Cette année, des places d’urgence ont été ouvertes permettant une mise à l’abri d’un plus grand nombre de personnes. Malgré ces moyens plus importants cela n’a pas été encore suffisant.
Aujourd’hui, la majorité des places liées au dispositif d’hiver ont été fermées et les personnes sont de nouveau à la rue…
De plus, une grande vigilance s’impose quant à l’augmentation des budgets dédies à l’urgence qui pourrait se faire au détriment de ceux de l’insertion.
Mettre les personnes « à l’abri » est nécessaire mais pas suffisant!
Le droit à un accompagnement social gradué en fonction des besoins de chaque personne accueillie doit être effectif.

L’EAO a engagé une réflexion sur le devenir des CHRS et sur l’impact des politiques d’immigration.

Fusion SIAO/COLAC
Cette année a vu la mise en place d’une commission unique traitant les questions d’hébergement et de logement confiée à l’EAO.
Les discussions ont été âpres pour que nous obtenions les moyens financiers nécessaires à son fonctionnement.

Cette commission devrait avoir une dimension « d’observatoire » permettant de faire remonter les besoins d’hébergement.

Le conseil de vie sociale
Ce doit être le creuset de l’expression et de la participation des personnes hébergées.
Ce qui est plus facile à dire qu’à faire fonctionner… Les personnes hébergées ont été si malmenées par la vie qu’elles peuvent avoir des difficultés à s’exposer en prenant la parole. Pourtant cette participation s’avère toujours stimulante pour leur propre parcours.
De nouvelles élections de délégués ont eu lieu et un nouveau président élu.

La deuxième orientation définie à l’AG de 2013 mettait l’accent sur la  » consolidation de l’association  »

– pour aller vers un retour à l’équilibre de nos finances, un plan d’actions correctives a été mis en œuvre à l’été et la mise en place d’outils plus précis de suivi de l’activité et des finances réalisée,
– Pour parvenir à un équilibre économique de l’IAE sans dégrader l’effort d’insertion des refontes structurelles ont été mises en place,
– Pour répondre aux exigences légales une procédure d’évaluation interne de l’EAO a été menée,
– Suite à la démarche de prévention des risques psycho sociaux, le plan d’actions d’amélioration des conditions de travail est en cours.

Une politique de communication dynamique a porté ses fruits puisque de nouveaux adhérents nous ont rejoints.

Le dernier objectif portait sur la stratégie.

S’appuyant sur le projet associatif, l’EAO s’est dotée d’un plan stratégique 2014/2016.
 » conjuguer militantisme et professionnalisme »

Ce plan largement partagé avec les salariés de l’association lors de rencontres salariés/administrateurs, a fait l’objet d’une communication vers les élus, les financeurs et nos partenaires.

RAPPORT D’ORIENTATION

En 2014, l’EAO s’emploiera sur 2 fronts :
– poursuivre sa consolidation et sa structuration autour de projets qui préparent son futur ;
– mobiliser dans ses rangs et autour d’elle pour que les exclus ne soient pas les victimes des restrictions budgétaires.

Une association engagée vers son avenir

1) Mettre en œuvre le plan stratégique
L’élaboration du plan stratégique a été un moment fort de 2013 qui n’aura de sens que si nous nous attachons avec détermination et constance à atteindre les objectifs que nous nous sommes assignés à moyen terme.
30 objectifs ordonnés autour de 7 orientations stratégiques ont été fixés.
Tous sont importants mais certains ont un caractère d’urgence évident dans la situation actuelle et feront l’objet d’une vigilance particulière en 2014.
− Stabiliser structurellement notre situation financière.
− Trouver des ressources privées qui nous permettent d’acquérir une marge d’autonomie vis à vis de nos financeurs publics, de densifier nos liens avec nos concitoyens en vue d’améliorer les services rendus aux usagers.
− Nous appuyer sur une vie associative plus active en mobilisant adhérents et bénévoles.
− Consolider la gestion des ressources humaines et améliorer notre professionnalisme.

2) Élaborer le projet d’établissement
À la différence du projet stratégique produit principalement par les administrateurs le projet d’établissement qui en est une déclinaison, devra être le résultat d’un travail commun des professionnels salariés.
Rendu obligatoire par une loi de 2002, il doit fixer les objectifs des services, notamment en matière de coordination, d’évaluation des activités, de qualité des prestations et les modalités d’organisation et de fonctionnement.

3) Réaliser le plan d’action contre les risques psychosociaux
Le travail auprès des exclus est un travail difficile qui demande beaucoup à ceux qui l’exercent.
Dans le passé l’EAO n’a pas toujours su organiser suffisamment le soutien matériel et moral qu’il requiert.
Un travail conduit en 2012 et 2013 avec des salariés de l’association a débouché sur un ensemble de préconisations pour pallier aux risques psychosociaux (RPS) liés à nos activités spécifiques ou non.
Un groupe de pilotage est chargé d’impulser et suivre la mise en œuvre des mesures préconisées.

Une association qui veillera à ce que les plus démunis ne soient pas les perdants de la rigueur

Nous ne savons pas encore précisément quels seront les moyens que l’État nous accordera en 2014 mais nous savons que globalement les budgets régionaux pour l’accueil et l’hébergement sont en diminution.
La fermeture de places d’accueil d’urgence pour les demandeurs d’asile est déjà annoncée.
En même temps les situations de grandes difficultés sociales continuent à croître, alimentées par un chômage toujours plus élevé et toujours plus long.
Une association qui continuera à intervenir pour une plus juste répartition de l’enveloppe régionale entre les départements.

Le cabinet médical dont l’intérêt est reconnu et dont les actions constituent un apport essentiel, conforme à ce que préconisent orientations des politiques de santé du gouvernement, n’a toujours pas de ressources pérennes pour fonctionner.

Sur tous ces sujets il sera nécessaire que l’EAO se mobilise sur des initiatives à définir.
Nous devrons aussi nous rapprocher des autres associations qui s’adressent aux mêmes populations et qui risquent fort d’être confrontées aux mêmes difficultés que nous.
L’EAO proposera qu’ensemble nous agissions et construisions un groupe de pression, un lobbying pour les exclus en quelque sorte.