Assassinat d’Arras : ne pas inverser la responsabilité

Assassinat d’Arras : ne pas inverser la responsabilité

Après l’assassinat de Dominique Bernard à Arras, des responsables politiques et administratifs ont mis en cause des associations qui s’opposent à l’expulsion de certains étrangers en situation irrégulière. Pascal Brice (photo), président de la Fédération des Acteurs de la Solidarité – à laquelle adhère Entraide & Solidarités –  a écrit le 30 octobre au ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin. Il assure que les membres des associations de la FAS, professionnels et bénévoles « profondément révulsés » par ce crime, sont déterminés à empêcher ces assassins d’avoir gain de cause. Et Pascal Brice poursuit notamment :

« Nos associations adhérentes et partenaires n’ont été que plus choquées du retour, particulièrement insupportable dans un tel contexte, du faux procès, auquel ont d’ailleurs paru se joindre jusqu’à des responsables relevant de votre tutelle, qui vise à tenter de leur faire porter la responsabilité de tels actes en raison de la non-reconduite de certaines personnes en situation irrégulière. Ces associations n’ont pas d’autre vocation que d’agir pour accompagner les personnes étrangères présentes sur le territoire national dans le cadre du droit tant qu’elles s’y trouvent dans une situation de précarité à un titre ou à un autre. C’est leur contribution au respect du droit, de la dignité des personnes et de l’ordre public.
Leur action seconde souvent celle des pouvoirs publics et lorsque c’est le cas fait l’objet de financements émanant le plus souvent de vos services pour l’accueil et l’accompagnement de demandeurs d’asile, de personnes bénéficiant de la protection internationale, de personnes étrangères sans abri ou au sein des centres de rétention administrative ou des zones d’attente.
Dans tous ces cas, nos associations agissent dans le cadre fixé par les lois et règlements de notre pays, ainsi que par les conventions qui encadrent leur action au titre des financements publics et en fonction des décisions administratives ou de justice…

Nul ne peut faire l’économie d’une réflexion sur les conditions de son action…Mais nous ne pouvons pas accepter que l’on tente de faire porter sur nos associations la responsabilité de l’échec des reconduites qui ne leur incombe en aucun cas. Cette tentative d’inversion de responsabilité n’est hélas pas nouvelle mais elle est particulièrement inacceptable lorsqu’elle fait suite à un assassinat aussi odieux. Elle est extrêmement préoccupante lorsqu’elle alimente dans certains médias et sur les réseaux sociaux un déferlement de haine qui se traduit par des menaces de plus en plus nombreuses contre l’activité des structures, des professionnels et des bénévoles associatifs…C’est la raison pour laquelle nous souhaitons attirer votre attention, au titre de vos responsabilités pour la politique migratoire et de l’asile comme plus généralement pour la protection de l’ordre public, sur les menaces pesant sur nos associations dans un tel contexte.
Notre Fédération reste à votre disposition et à celle de vos services pour garantir les meilleures conditions d’action collective dans ces moments qui endeuillent notre collectif national… »