Contre le « prêt à penser » sur les prisons françaises

Contre le « prêt à penser » sur les prisons françaises

Professeur à Nanterre et Paris 8, Philippe Combessie étudie l’univers carcéral depuis 35 ans (il est notamment l’auteur de « Sociologie de la prison« , ed. La Découverte). Il était le 27 novembre l’invité des associations organisatrices des Journées nationales Prison*, pour une conférence intitulée « Quelle prison pour faire société ». Pour la première fois à Tours et devant une assistance très attentive salle des Tanneurs, le sociologue n’a pas décrit une prison « idéale », pour autant que le concept ait un sens. Mais il a tordu le cou à quelques idées reçues fort répandues en France.

Par exemple, sur la manière d’expliquer la surpopulation carcérale – ou de la faire diminuer : pour obtenir le « stock », le nombre total de détenus (plus de 85 000 à ce jour), il faut multiplier le « flux » des entrants par la durée d’incarcération. Or, cette durée moyenne était de 4,2 mois en 1976, et elle est de 10,5 mois en ce moment. Le nombre d’entrants, lui, n’a pas varié, autour de 75 000 par an. Si donc on diminue la durée moyenne d’incarcération, la surpopulation diminuera en proportion…

Quant au taux de récidive – un tiers des détenus – contre toute attente il est plus élevé chez ceux qui ont bénéficié d’un « bon » travail en prison ! Et il augmente « mécaniquement » si on enferme moins pour les délits « moyens », ni très graves ni très légers…Bref, un nouveau rendez-vous plein d’enseignements et de matière à réflexion grâce à ce rituel de fin novembre: les Journées nationales Prison.

*Entraide et Solidarités, Association nationale des visiteurs de prison, Secours catholique et CIMADE