Le préfet : « tout doit passer par le 115 ! »

prefet au 115
Le préfet d’Indre-et-Loire Louis Le Franc, arrivé à Tours il y a seulement six mois, s’est livré le 17 décembre au soir à une « tournée » du dispositif d’accueil d’urgence sur l’agglomération. Logiquement, sa première étape fut pour le 115, géré par l’EAO-CAD, portail en principe unique d’accès à l’hébergement d’urgence.
En principe unique, car les jours précédents une association tourangelle avait dirigé des familles Tchétchènes directement vers un hôtel, sans passer par le 115. La facture, c’est évidemment l’Etat qui doit la payer. Une pratique qui a provoqué une très vive réaction du préfet. Il juge en effet « inadmissible et dangereux » de ne pas respecter la procédure qui permet une gestion « professionnelle« , plus juste et plus rationnelle des flux de demandes. Dangereux parce que ces initiatives malheureuses perturbent un travail déjà difficile, créent des tensions entre les migrants, et peuvent contribuer à ouvrir des filières… Les crédits affectés à l’urgence sont passés depuis cinq ans de 6 à 8 millions d’euros par an, et le nombre de places est maintenant supérieur à 400. Le préfet reconnait que c’est encore insuffisant. Mais devant la presse et les responsables de l’association, Louis Le Franc a réaffirmé qu’il ne pouvait y avoir qu’un seul opérateur, l’Entr’Aide Ouvrière.
Les crédits sont insuffisants puisque chaque soir le 115 est encore obligé de signifier une quinzaine de refus d’hébergement, malgré l’ouverture de l’accueil de nuit depuis le plan hivernal entré en vigueur le 1er décembre. Hors dispositif hivernal, le déficit de places varie de 60 à 80 en moyenne (sur 130 appels quotidiens).
Le problème est encore plus complexe, ont expliqué Marie-Paul Legras-Froment et Eric Le Page, présidente et directeur de l’EAO-CAD, si on prend en compte la durée d’hébergement, sans cesse croissante. Ce qui fait que les places dites d’urgence n’en sont plus vraiment, et que le système est en permanence « embolisé ». En théorie, rappelle le préfet lui-même, l’hébergement d’urgence ne devrait être qu’une « mise à l’abri »…