Le 26 janvier dernier, pour la deuxième « Nuit de la solidarité » organisée par la Ville de Tours, il pleuvait, et dans le cadre du plan Grand froid la préfecture avait fait ouvrir un gymnase où 30 personnes avaient trouvé refuge. Les 240 bénévoles qui ont quadrillé la ville ont cependant rencontré sur les trottoirs 46 sans-abris, 7 de plus que l’an dernier.
Le même soir, les 848 places d’hébergement d’urgence faisaient évidemment le plein, et le 115 ne pouvait que refuser plusieurs dizaines de demandes. Quand on sait que la Ville a ouvert 8 appartements, que d’autres SDF s’abritent sous des tentes, souvent en bord de Loire mais hors des limites de Tours-ville, des dizaines d’autres encore dans des squats ou chez des connaissances ; que la priorité accordée aux familles avec enfant(s) de moins de 3 ans complique le sort des isolés, le compte est simple : dans l’agglomération, beaucoup plus de mille personnes sont sans solution durable de logement. Et la Métropole n’est pas un cas particulier.
Il faut aujourd’hui alerter non seulement parce que la situation est plus grave que jamais, mais aussi parce qu’elle ne peut que se dégrader, à court comme à long terme. Parallèlement à la multiplication des places d’hébergement d’urgence, la réponse des pouvoirs publics reste cantonnée à la politique du « logement d’abord ». Seulement voilà : il n’y a pas assez de logements sociaux et très sociaux. C’est un « mal français » qui perdure. Et les bailleurs sociaux eux-mêmes viennent de prévenir : l’augmentation du taux d’intérêt du livret A va encore ralentir la construction.
Les impayés sont en augmentation de 10% sur un an (source : Fondation Abbé Pierre), on peut donc s’attendre à un accroissement des expulsions locatives. Si la proposition de loi « anti-squat » était adoptée, des SDF se retrouveraient à la rue, les délais d’expulsion des personnes en difficulté seraient fortement raccourcis, et les familles restant dans les lieux seraient passibles de poursuites pénales. Cette loi augmenterait encore le nombre de personnes à la rue. De plus, dans la perspective de la Coupe du monde de rugby et plus encore des Jeux olympiques, des opérations de « desserrement » en région parisienne vont transférer des vagues de sans-abris en province, interrompant la scolarité des enfants ou les processus sociaux en cours.
A Tours, déjà 21% de la population vit sous le seuil de pauvreté (avec moins de 60 % du revenu médian, source : Observatoire des inégalités). Et dans une partie du quartier Sanitas, ce taux atteint 68,7 % !
Entraide & Solidarités ne peut rester indifférente à cette situation, et voulait vous informer avant d’entreprendre quelque démarche que ce soit. Vous avez une proposition ? N’hésitez pas à nous écrire, le bureau étudiera toute suggestion.