Il n’est pas exagéré de dire qu’Entraide et Solidarités est en deuil. Dimanche 1er mars, Madeleine Perret est décédée à Tours dans sa 98ème année. Née en effet à Paris le 15 juillet 1922, « notre » Madeleine aura marqué de sa forte empreinte la vie de l’association. Pas seulement de notre association, comme on le verra plus loin !
Très attirée par la Touraine où elle avait quelques attaches, cette agrégée de Lettres modernes, diplômée de l’École nationale supérieure de Fontenay, choisit en 1946 d’exercer ici son métier d’enseignante : elle sera pendant 36 ans professeur au lycée Choiseul de Tours. Mais dès 1948, elle avait rencontré le fondateur de l’Entr’Aide Ouvrière (EAO), l’abbé Gaston Pineau, dont elle partageait la conception de la foi chrétienne autant que les aspirations sociales. L’année suivante était constitué le Comité d’Aide aux Détenus (CAD).
Dès les années cinquante, Madeleine est militante et bénévole, y compris sur le terrain syndical : adhérente du SGEN-CFTC, elle s’engage dans le processus de scission et de création de la CFDT en 1964 et deviendra vite secrétaire académique du SGEN-CFDT. L’heure de la retraite professionnelle venue, en 1982, elle redouble d’activités bénévoles et rejoint les forces militantes du Parti socialiste, du Centre communal d’Action sociale de Tours, des visiteurs de prison…et bien sûr de l’EAO et surtout du CAD.
Celle qui avait rêvé un temps de devenir juge fut en effet portée en 1984 à la présidence du CAD, où elle mit en pratique son vœu de « voir la sanction permettre à l’homme de se reconstruire, pas de le démolir ». Elle fut pour beaucoup dans l’achat de la « Petite maison » ouverte en 1987 et dédiée aux familles de détenus.
Au plan national, Madeleine Perret a participé en 1991 à la création de la FARAPEJ (Fédération des Associations Réflexion-Action Prison et Justice), dont elle assura longtemps la vice-présidence. L’enseignante était officier des Palmes académiques, la bénévole chevalier de l’Ordre national du Mérite et chevalier de la Légion d’honneur.
Madeleine vivait au quotidien les valeurs fondamentales de l’association : la croyance qu’«en tout homme de vraies richesses sont enfouies», et par conséquent «l’accueil sans réserve de toute personne en situation précaire», réaffirmait-elle après des dizaines d’années d’un militantisme exemplaire. Cette longue expérience, forcément semée d’échecs, lui avait permis de mesurer les limites de l’action bénévole, et elle savait donc que la complexité des êtres et de la société impose le recours à des compétences professionnelles.
Aussi Madeleine Perret avait-elle trouvé toute sa place à l’Entraide, où se conjuguent bénévolat et professionnalisme : elle fut membre du conseil d’administration et secrétaire de l’association jusqu’en 2014. Son savoir, sa clairvoyance, sa gentillesse mais également son tempérament et son intransigeance sur l’essentiel forçaient l’écoute et le respect. L’association lui est reconnaissante, aussi, de continuer d’inspirer une lignée de militants…