Le plan du gouvernement qui tend à traquer les personnes en séjour irrégulier jusque dans les centres d’hébergement fait scandale, Jacques Toubon, le défenseur des droits et les associations, dont Entraide et Solidarités, s’insurgent et montent au créneau. C’est très louable, mais il convient de faire le point sur la politique d’asile européenne.
L’Europe a considérablement durci sa position vis-à-vis des étrangers depuis le début de la crise migratoire. Toutefois l’accueil des étrangers ayant besoin de protection demeure.
Petit rappel chiffré :
- 562 000 primo-demandeurs d’asile en 2014 en Europe,
- 1 257 000 en 2015,
- 1 204 000 en 2016.
En 2016, 50% de ces primo-demandeurs sont inscrits en Allemagne, 10,1% en Italie, 6,3% en France ; 4,1% en Grèce etc…
Bruxelles étudie actuellement trois sujets
Le règlement de Dublin
Le texte dit que le premier pays où est enregistré le migrant doit traiter la demande d’asile. Ainsi un étranger entré par l’Italie ou la Grèce demandant l’asile en France ou ailleurs peut être renvoyé dans un de ces pays. Or les migrants arrivent massivement par l’Italie, la Grèce ou Malte. Le système est embolisé, Rome et Athènes n’enregistrent plus les étrangers et les laissent partir vers d’autres pays. Il faut bien avouer que ce texte est totalement inadapté, mais sa réforme en chantier depuis 2016 n’aboutit pas.
La répartition au sein de l’Union européenne
Pour corriger l’absurdité du règlement de Dublin, Bruxelles propose qu’en cas d’arrivage massif dans un premier pays, les demandeurs d’asile soient automatiquement répartis entre les pays de l’Union. Ce beau principe de solidarité est loin de faire l’unanimité. Les pays de l’Est : Pologne, Hongrie, Slovaquie, république Tchèque, refusent catégoriquement, quant aux Pays-Bas et à la France ils n’y sont pas très favorables. Situation inextricable !
La politique du retour
Tous sont d’accord sur le principe que tout migrant économique non accepté, toute personne déboutée du droit d’asile doit être expulsé. Pas très facile à mettre en œuvre ! Cela nécessite des accords de réadmission avec les pays d’origine ou de transit. C’est long et compliqué. Quant au retour, il est à la charge du tout nouveau corps européen de gardes-frontières (ex-agence Frontex).
Voilà quelques éléments de plus pour se faire une opinion sur les problèmes liés à l’immigration. On s’aperçoit, en regard de ce qui se passe en France et en Europe, que le mot solidarité n’a plus beaucoup de sens. On n’en est pas sorti !
Pierre Trinson
(d’après un article de N. Gros-Verheyde, paru dans Sud-Ouest)