Pour une immigration maîtrisée, contre la précarité

Pour une immigration maîtrisée, contre la précarité

La circulaire aux préfets signée le 23 janvier par le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau « renforce le niveau d’exigence en termes d’intégration des étrangers ». Notamment, pour l’ « admission exceptionnelle au séjour…une présence d’au moins 7 ans constitue l’un des indices d’intégration pertinent ». Certes, les préfets sont priés d' »apprécier l’ensemble de la situation de l’étranger » avant de décider. Mais tout refus de titre de séjour doit s’accompagner « systématiquement » d’une obligation de quitter le territoire français.

Pour la Fédération des Acteurs de la Solidarité (FAS, à laquelle nous adhérons) la marge d’appréciation des préfets s’en trouve réduite. Ces instructions « ajoutent  de nouveaux obstacles à l’accès des étrangers au séjour. Elles ne vont pas manquer de plonger plus encore de personnes dans une précarité qui concerne et effraie un nombre croissant de Français. Aux instructions écrites qui imposent aux préfets une approche restrictive des déjà maigres régularisations par le travail ou pour d’autres motifs s’ajoutent une mise sous surveillance étroite et défiante des préfets ainsi que des explications de texte qui continuent à présenter l’immigration comme un problème en soi, légale ou illégale.

Ce mur est édifié au détriment des personnes concernées, des associations qui les accompagnent et des entreprises. En alimentant la précarité dans notre pays il pèse sans cesse un peu plus sur les coûts des politiques publiques notamment d’hébergement des sans-abri. Il a l’apparence de l’ordre mais suscite partout des désordres.

La Fédération des acteurs de la solidarité demande au Premier ministre de mettre en place la politique d’immigration maîtrisée dont le pays a besoin. Elle demande le retrait de la dernière circulaire ministérielle, le respect de marges de manœuvre aux préfets en concertation avec les partenaires sociaux et les associations en fonction des réalités locales – besoins des entreprises, situations des personnes,- et la fin des OQTF à l’aveugle. Elle demande aux parlementaires et au gouvernement de reprendre, dans le cadre d’une série de mesures de valorisation du travail pour sortir de la précarité, les travaux un temps engagés pour établir en toute transparence un droit à la régularisation pour le travail dans les secteurs où les besoins sont présents.

La cohésion de notre pays fragilisée à bien des égards, la dignité des personnes accueillies, l’engagement des professionnelles et des bénévoles des associations, comme le dynamisme de notre économie appellent, plutôt que de cultiver des obsessions mortifères, des mesures de maîtrise et d’organisation de l’immigration ».