ATHOBA

Accueil thérapeutique pour auteurs de violences conjugales

2, place Jean Meunier 37000 Tours.
Tél. 02 47 27 28 01
athoba@entraideouvriere.org

Athoba


« Une femme sur dix a été victime de violences conjugales au cours des douze derniers mois »

Pourquoi l’Athoba, l’Accueil thérapeutique pour hommes battants créé à Tours par l’Entr’Aide Ouvrière à la fin de 2007 ?

Cette année-là, Nadine Lorin, déléguée départementale aux Droits des Femmes pour l’Indre-et-Loire, et l’Entr’Aide Ouvrière, signent conjointement un projet de lieu(x) d’accueil pour hommes violents. Le document s’appuie sur une enquête nationale réalisée en 2000 :

« Près d’une femme sur dix a été victime de violences conjugales (verbales, physiques, sexuelles, psychologiques, économiques) au cours des douze derniers mois.

Une femme sur dix a subi une agression sexuelle dans sa vie.

Une femme sur cinq dénonce les pressions psychologiques sur son lieu de travail et une sur cinq est victime de violences dans l’espace public. »

D’autres chiffres sont plus récents :

« Tous les trois jours, une femme meurt en France des suites de violences au sein de son couple (…).

En Indre-et-Loire, en 2006, sur l’agglomération tourangelle, 722 plaintes ont été déposées. (…) Les interventions de police pour différends entre époux ou concubins ont progressé de 60 % en dix ans, soit 710 interventions en 1996, 1.136 en 2006 et déjà 504 sur les quatre premiers mois de l’année 2007. (…)»

Un texte de référence : la loi du 4 avril 2006

La violence conjugale n’est ni un « simple conflit », ni un « acte accidentel ».

Elle « se développe progressivement par cycles de plus en plus rapprochés », souligne un récent rapport de l’Athoba (1). « L’escalade de la violence est inéluctable sans intervention extérieure sur la victime et sur l’auteur », précise le document.

Un texte fait désormais référence afin de « prévenir et réprimer les violences au sein du couple » : la loi du 4 avril 2006.

Il élargit la notion de partenaire susceptible de perpétrer des violences. Il ne s’applique pas au seul conjoint, concubin ou personne liée par un Pacte civil de solidarité. L’ancien conjoint, concubin ou partenaire pacsé est aussi concerné par le texte, notamment par une procédure novatrice qu’il introduit.

La loi de 2006, en effet, permet d’imposer à l’auteur des violences de quitter le domicile conjugal pour une autre résidence. Elle prévoit également, « si nécessaire », « une prise en charge sanitaire, sociale ou psychologique » de l’auteur des violences.

L’Athoba, seule structure de cette nature en Indre-et-Loire, est la déclinaison locale de cette volonté de prévenir la récidive. Financé notamment par le Fonds interministériel de prévention de la délinquance (2), il a été mis en place à la fin de 2007, lorsque Philippe Varin, procureur de la République, et Nadine Lorin, déléguée départementale aux Droits des Femmes et à l’Egalité, firent appel à l’Entr’Aide Ouvrière pour répondre aux exigences de la nouvelle loi.

Les pouvoirs publics, en toute logique, se sont tournés vers l’Entr’Aide, premier interlocuteur pour l’hébergement d’urgence. La priorité est alors de loger, conformément à la loi d’avril 2006, des hommes violents écartés du domicile conjugal.

Depuis sa création, l’Athoba opère ainsi en relation avec les services judiciaires, avec pour partenaires le SPIP (Service pénitentiaire d’insertion et de probation) et l’Association de contrôle judiciaire.

Conseils du médecin ou obligation de soins ?

L’Athoba s’appuie aujourd’hui sur une psychologue et une médiatrice, intervenant chacune à mi-temps. Dans l’organigramme de l’EAO, il figure comme un des services du CASOUS (Centre d’accueil, de santé et d’orientation pour l’urgence sociale), qui gère chaque année plusieurs centaines de demandes d’hébergement d’urgence.

Dans 75 % des cas, les « hommes battants » sont suivis à l’Athoba dans le cadre d’une procédure judiciaire, qui a déclenché une obligation de soins.

Les autres cas (25 %) relèvent d’une démarche volontaire, par information ou orientation suscitée par la famille, les médias, les services sociaux, un médecin, etc.

« Nous aimerions que les volontaires soient plus nombreux, dit-on à l’Athoba. Les femmes qui déposent plainte ne représentent que 10 % des victimes de violences conjugales. Autrement dit, le nombre d’hommes que nous recevons ici ne reflète que très partiellement la gravité du phénomène. »

« J’aimerais comprendre » ou « Je n’ai rien à faire là »

Les principes qui ont présidé à la naissance de l’accueil thérapeutique sont ceux énoncés par le Dr Roland Coutenceau, psychiatre, dans un rapport publié en 2006 (3). Le médecin a établi une classification des hommes violents qui s’appuie sur le degré de reconnaissance des faits.

Ainsi, l’Athoba accueille des personnes conscientes de leurs actes (« Je pensais que c’était un acte isolé. C’est revenu, plus fréquemment. Je m’inquiète. J’aimerais comprendre. »)

D’autres patients, nombreux, restent « dans le déni » (« Je tiens à dire qu’on m’oblige et que je n’ai rien à faire là. »)

Une troisième catégorie se place en situation médiane, optant pour « la minimalisation des faits et l’externalisation des causes ».

« Notre travail, expliquent la psychologue et l’éducatrice spécialisée, consiste à responsabiliser les personnes. C’est une tâche de longue haleine. »

Qui sont les « hommes battants » ?

Il n’existe pas de profil-type des patients accueillis, explique-t-on à l’Athoba. « Ils sont issus de tous les milieux sociaux. Nous en rencontrons de tous les âges, ils ont 20 ans ou 70. Ils sont salarié ou chômeur, en situation sociale précaire ou chef d’entreprise ».

Un adulte qui a été victime de maltraitance dans son enfance ne devient pas « systématiquement » maltraitant à son tour, constate la psychologue de l’Athoba. Elle n’en relève pas moins des constantes : « Dans leur histoire, nous retrouvons une maltraitance avérée dans leur enfance, infligée par le père ou la mère. Ou bien une relation à la mère très particulière, sur fond d’autoritarisme (sans maltraitance physique, mais il s’agit alors de maltraitance psychologique). Ou encore une relation affective établie sur une promiscuité malsaine. Les patients témoignent d’une enfance au parcours chaotique, avec des ruptures très fortes, d’où une structuration identitaire très complexe.

Ces situations n’ont pas toujours été prises en charge. Elles n’ont été ni mises en mots, ni assimilées par l’entourage. C’est souvent la première fois qu’ils en parlent. »

« Très souvent, ce sont des hommes qui vont extrêmement mal, témoigne la psychologue. Ici, c’est la première fois que quelqu’un leur pose des questions sur leur vie et qu’ils mettent des mots sur leur histoire.

Certains ont affaire à la justice pour la première fois. Pour eux, c’est extrêmement violent.

Ils ont des représentations très stéréotypées du couple et de la relation homme-femme. C’est ce que nous nous engageons à travailler avec eux, et à changer si nous le pouvons. Nous sommes plutôt dans une amorce thérapeutique, une amorce d’introspection. Mais ils peuvent aussi entreprendre une thérapie ailleurs. »

A l’Atelier thérapeutique, on parle de « patients », pas de « malades ». « Ils sont en proie à un trouble du comportement qui est le passage à l’acte violent. Ça n’est pas une pathologie. »

Quelle méthode de travail ?

« Notre outil principal est le groupe de parole », soulignent les animatrices de l’Athoba.

La psychologue procède à une évaluation : elle s’appuie sur l’histoire du couple et s’emploie, de façon approfondie, à décrypter ce qui a conduit à la violence. La médiatrice mène une autre évaluation, de type psycho-social.

Ces deux approches personnalisées débouchent sur une prise en charge individuelle ou intégrée à un groupe. Il peut arriver, dans les situations les plus compliquées, que la personne soit adressée à un psychiatre.

L’homme passe un « contrat thérapeutique ». Les personnes accueillies en groupe de parole ou en prise en charge individuelle ont généralement été condamnées à des peines de prison ferme ou avec sursis, assorties d’une période de mise à l’épreuve avec obligation de soins. La règle rappelée par l’Athoba est que personne ne peut rejoindre un groupe sous la contrainte.

Le « contrat » passé avec l’Athoba définit les conditions du suivi : en général, une réunion tous les 15 jours, d’une durée d’une heure et demie, associant 8 à 10 personnes.

Ce protocole permet d’établir des règles claires en cas d’absences injustifiées. Les services judiciaires exercent un contrôle du respect de ces engagements.

« Dans ma situation, que faire ? »

Il n’est jamais trop tard pour changer.
L’Athoba, grâce aux groupes de parole et aux suivis individuels, propose de vous aider à mieux comprendre les situations violentes dont vous êtes acteur, ainsi qu’à les prévenir durablement.

Comment nous contacter ?
Prise de rendez-vous uniquement par téléphone au : 02.47.27.28.01

Horaires :

lundi :                   9 h 30-12 h 30
mardi    :              13 h 30-18 h
jeudi :                  9 h-12 h 30 et 13 h 30-16 h
vendredi :          13 h-16 h.

Vous serez reçu par deux psychologues afin de vous proposer une prise en charge adaptée.

Le coût :

Participation forfaitaire de 20 euros par mois. L’Athoba tient compte des éventuelles difficultés financières des personnes accueillies.