Après une rencontre le 17 avril, quatre grandes fédérations ont adressé au ministre du Logement des propositions communes pour l’après-confinement. Elles seront complétées par d’autres revendications visant à améliorer l’accès au logement et à l’hébergement. Le texte dont nous reproduisons ici des extraits est signé de la Fédération des Acteurs de la Solidarité (à laquelle adhère Entraide et Solidarités), la Fondation Abbé Pierre, l’UNIOPSS et l’UNAFO.
1- Aucune personne remise à la rue sans solution et inconditionnalité de l’accueil : la nécessité de prolonger le plan hiver et les réquisitions d’hôtel et locaux vacants sur toute l’année 2020
La mobilisation des services de l’État, aux côtés des associations a permis l’ouverture de 9 000 places d’hébergement, majoritairement à l’hôtel, auxquelles s’ajoute le maintien de 14 000 places. Tout doit être fait pour qu’aucune personne ne soit remise à la rue sans solution :
– Négociation avec les hôteliers en vue d’une prolongation des places hôtelières, avec un accompagnement social. Déploiement d’une évaluation sociale de chaque situation et nécessité d’activer des plateformes d’accompagnement social des ménages à l’hôtel (objectifs : titre de séjour, insertion professionnelle, sortie vers le logement).
– Installation de modulaires adaptés à l’accueil de « grands marginaux », avec un accompagnement
– Sortir des gymnases les personnes et les orienter le plus rapidement possible et au plus tard d’ici fin mai
– Accélération de la résorption des bidonvilles et dans l’attente, sécurisation de l’accès à l’eau et à l’alimentation
– Faciliter l’accès à un titre de séjour des personnes en situation administrative précaire dans l’hébergement…
-Garantir la pérennité des solutions mises en œuvre pour les femmes victimes de violence…
Il nous semble indispensable que chaque Préfet réunisse les acteurs du secteur AHI (Accueil, hébergement, insertion) et logement accompagné, dès la fin avril, pour préparer la période de déconfinement, recenser les capacités d’accueil pouvant être pérennisées et celles qui sont durablement gelées du fait du desserrement. Rechercher des logements dans le parc social et privé à vocation sociales , des locaux et solutions alternatives pour les sites qui doivent fermer. La dé-densification de certaines structures collectives devra être maintenue pour limiter le risque épidémique en compensant la perte de places par des créations nouvelles.
2- Accès aux soins : capitaliser et renforcer les nouveaux partenariats entre l’hébergement social et le secteur sanitaire.
La crise sanitaire est aussi un révélateur des difficultés d’accès aux soins, de dépistage et de prévention à l’égard des personnes à la rue ou dans les structures d’hébergement. Suivent une dizaine de propositions concrètes.
3- L’humanisation et l’adaptation des centres d’hébergement et des accueils de jour
La crise a montré l’inadaptation de certains lieux d’accueil et d’hébergement au confinement, à la mise en œuvre des mesures de protection pour les personnes accueillies et les salariés-bénévoles qui les accompagnent (hébergement trop collectif, absence de chambre individuelle, surpopulation dans les FTM, promiscuité dans les accueils de jour….). Les enseignements de la crise sanitaire justifient la relance d’un plan d’investissement pour l’humanisation-adaptation des structures. Là aussi, les quatre fédérations fixent des objectifs précis.
4- L’aide alimentaire
La crise a révélé la fragilité et les insuffisances de l’offre alimentaire en faveur des publics en difficulté et la nécessité d’une intervention de l’État, par le biais notamment des chèques service, en complément de l’intervention traditionnelle des associations. En outre, de nombreux ménages précaires, isolés ou en famille, rencontrent des difficultés à couvrir leurs besoins alimentaires pour plusieurs raisons : fermeture des cantines, réductions de certaines distributions gratuites, perte de revenu d’activité dans les quartiers populaires…
-La distribution de chèques services a été très appréciée par les associations. Elle permet en outre d’autonomiser les personnes dans leur choix de consommation. Compte tenu de la durée et de l’intensité de la crise, des incertitudes quant à la réouverture des cantines avant l’été, nous pensons qu’il faut renouveler ces distributions à minima jusqu’à la rentrée des classes de septembre.
– Le volume de 60 000 chèques/bénéficiaires/mois semble insuffisant : de nombreuses associations n’ont pas pu en bénéficier, les familles modestes logées dans les quartiers en sont peu ou pas bénéficiaires… Il faut augmenter l’offre et demander aux préfets de réunir l’ensemble des acteurs pour la transparence et la coordination des distributions. Les CCAS doivent aussi être destinataires des chéquiers car ceux-ci connaissent les familles aux quotients familiaux les plus faibles.
– Une réflexion doit être engagée entre l’État et les associations gestionnaires (groupe de travail) sur l’évolution de la prestation alimentaires dans les CHU/CHRS : qualité, circuits courts, cuisines etc. Développer les AVA sur la prestation alimentaire en CHRS.
– Mobiliser l’insertion par l’activité économique en réorientant la production de certains chantiers d’insertion (maraichage bio, récupération et transformation, lutte contre le gaspillage) sur la production alimentaire en faveur des personnes en difficulté et des centres d’hébergement. Au-delà, travailler avec la délégation interministérielle à l’inclusion pour relancer l’activité des chantiers autours des besoins prioritaires : textile, alimentation, numérique.
– Capitaliser et coordonner les mobilisations citoyennes et les solidarités locales : réserves citoyennes, « fabrique de la solidarité »