Ce jeudi 8 janvier à l’initiative de l’Entr’Aide Ouvrière, une conférence de presse était organisée à Tours avec la CIMADE, le Secours catholique, Réseau Education sans frontières, Chrétiens migrants et La Barque. La dramatique actualité nationale n’a pas facilité cette rencontre avec la presse locale, mobilisée par la journée de deuil. Néanmoins, les participants ont pu exposer la situation de l’hébergement d’urgence aux représentants de La Nouvelle République, France Bleu Touraine, La Tribune de Tours et Radio Fréquence Luynes.
La première, Marie-Paul Legras-Froment, présidente de l’EAO, a expliqué que l’augmentation des crédits pour l’hébergement d’urgence, si elle est incontestable, pose deux problèmes. Leur répartition au sein de la région Centre d’abord (en chiffres ronds 900.000 € pour le Loiret et 200.000 € pour l’Indre-et-Loire) : on ne sait trop comment sont chiffrés les besoins ! Mais surtout : ces crédits sont affectés à un hébergement qu’on peut craindre provisoire, durant la période hivernale, et sans aucun accompagnement social alors que les personnes concernées sont là pour longtemps. Thierry Gheeraert, directeur du Pôle social et médical de l’EAO, a fait le point chiffré : la veille, 384 personnes ont été placées en hébergement dit d’urgence, alors que l’Indre-et-Loire compte 294 places « pérennes ». La différence, ce sont 87 places relevant du « plan hivernal », et des chambres d’hôtel.
« On focalise sur l’urgence comme si les besoins étaient ponctuels » dira Eric Le Page, directeur de l’EAO. Donnant l’exemple d’une famille de six enfants hébergée à l’hôtel depuis trois ans, il souligne : « ces lits d’urgence ne sont pas suffisants, il faut des solutions de moyen terme ». José Peres-Diez, directeur de la FNARS-Centre, a insisté : « L’urgence, ce ne devrait être que la mise à l’abri. Ce n’est plus le cas. C’est comme si on avait ouvert des urgences hospitalières sans créer l’hôpital qui va derrière…Les équipes de travailleurs sociaux sont fatiguées, car lorsqu’on les réduit à des agents de triage, le sens de leur travail disparaît. »
Pour autant, il faut se garder de créer des antagonismes entre différentes catégories. Ce fut aussi le sens des propos de Georges Rondeau, président de la CIMADE, sur le sort par exemple de jeunes étrangers, et de Louis Barraud, porte-parole de Chrétiens-Migrants, une association qui « prend en charge, sans aucune subvention, 80 personnes qui n’ont aucun statut aux yeux de l’administration… ». Présidente du Secours catholique, Anne Fages tirait la leçon de ce constat : « Il faut revoir toute l’organisation des hébergements d’urgence ».
Pour y parvenir, les participants sont d’accord pour se concerter avec toutes les associations et organismes locaux qui travaillent sur l’hébergement et le logement, dans le but notamment de définir précisément les besoins ; et pour lancer un appel au préfet d’Indre-et-Loire et au président du Conseil général, afin d’organiser une « véritable » réunion de travail qui débouche sur des solutions concrètes dès les prochains mois pour « sortir de l’urgence » .
C’est aussi, au niveau national, l’objectif des « Assises pour l’accès au logement des sans-abri » que la FNARS organise le 15 janvier à Paris.